Même à son apogée, le Compagnonnage ne comptait pas plus de 200 000 membres : il n'a jamais été un mouvement de masse. Il cultive, au contraire, sa différence par rapport au monde profane des simples manœuvres. Le Compagnon appartient à un corps d'initiés, sélectif et élitiste, qui fait de l'excellence l'objet de sa quête perpétuelle : il s'agit de s'élever, à travers les épreuves, tant d'un point de vue moral que social ou matériel. Le compagnonnage est un ordre, une communauté spirituelle, qui a une cause à défendre et à promouvoir : un modèle d'apprentissage professionnel, mais aussi éthique. C'est le consentement à la règle commune qui unit les Compagnons du Devoir, ainsi que le sens de l'honneur. Cet esprit de corps ne signifie pas que chacun doive renoncer à sa singularité. Au contraire, l'unité et donc la richesse du Compagnonnage est faite de différences; chaque individu a sa place et participe, avec ses particularités, à l'intérêt commun.